Les réseaux sociaux : un des parcours difficiles
Je suis une personne qui aime s’apprêter et se prendre en photo. J’aime être différente, cela fait partie de ma personnalité. Dans les années 2006 et 2007, il n’y avait pas de réseaux sociaux mais je regardais les shootings photos des actrices sur le célèbre site https://www.indiaglitz.com/. J’ai essayé de m’habiller comme elles tout en imitant leurs poses et de me prendre en photo avec le mode automatique de mon appareil photo.
À partir des années 2010, les réseaux sociaux sont devenus viraux, mais moi, j’étais concentrée uniquement sur mes études.
En 2012, j’ai créé une page Instagram comme tous mes amis. Mais je n’avais pas partagé mes photos car selon ma famille je n’en avais pas le droit. Alors, quand je mettais du vernis à ongles, je les prenais en photo et je les partageais.
Bien entendu, j’étais vraiment concentrée sur mes études. Petit à petit, je suis venue dans les réseaux sociaux à partir de 2014, j’ai commencé à suivre les pages beautés (maquillage, photographie, coiffure). J’ai également suivi les influenceurs tamouls.
À partir de ce moment, j’ai commencé à rêver de ce que je pouvais faire et de comment je voudrais devenir, quel serait le nom de ma page. J’étais dans un monde imaginaire, mais je n’avais pas d’argent pour réaliser quoi que ce soit.
Les années passèrent, j’ai commencé à travailler.
En août 2018, j’ai créé de nouvelles pages Instagram et Facebook (KANI DE LA PASSION), j’ai partagé mes photos et en peu de temps j’avais plus de 200 followers .
J’ai participé à une master class de maquillage et coiffure et j’ai acheté des produits de beauté, un Iphone pour les photos car ma caméra était trop vieille.
Je travaillais la semaine, et le week-end je créais des looks sur des filles que je partageais sur les réseaux sociaux.
J’étais une fille qui parlait peu et je ne côtoyais pas les gens de ma communauté, d’où ma difficulté à trouver des modèles brown skin. J’ai donc suivi des comptes Instagram de filles de Paris. Je leur proposais de devenir ma modèle. Beaucoup ont refusé, mais certaines d’entre elles ont accepté. Mais elles ne savaient pas poser correctement, sauf une ou deux. J’ai tout de même réussi à créer des looks que je postais sur mes pages.
En même temps, je rencontrais des problèmes à la maison. Ma famille par hasard a visité ma page Instagram et m’a ordonné de supprimer mes propres photos. Comme j’ai refusé de le faire, cela a provoqué beaucoup de tension. Personne ne me parlait, je suis tombée en dépression.
Ce que je ne comprenais pas, c’est que, lorsque j’étais étudiante, mes parents me disaient que je pourrais faire ce que je voudrais quand je travaillerais. Mais quand cela fut le cas, ils m’ont mis des barrières et je ne pouvais l’accepter. Ils avaient peur de ce qui pourrait se dire dans ma communauté.
Sur toutes les photos que j’avais publiées, je portais des vêtements me couvrant décemment. Je refusais l’idée que des gens puissent penser que j’étais une fille mauvaise ou facile sous prétexte que je m’habillais de façon moderne et non pas en saree. De toute façon, personne ne peut me juger ou me catégoriser en se basant uniquement sur des photos.
C’est un genre d’idée totalement saugrenu dont les filles tamoules souffrent. Du coup, la plupart doit mèner une double vie.
Vous pouvez vous poser des questions du genre « pourquoi se plaint-elle alors qu’elle pourrait créer des looks en saree convenables pour sa famille comme beaucoup de filles tamoules ? »
Je vous répondrais que je souhaite élaborer mon propre look selon l’imagination, l’inspiration, la création. J’essaie de produire quelque chose de différent en fusionnant les idées et les inspirations qui trottent dans ma tête. Je ne peux pas limiter mes idées et mon imagination sous prétexte que je fais partie d’une communauté soi-disant fermée. Lorsqu’on me dit non à une inspiration, ça bloque ma créativité déraisonnablement et ça m’empêche de produire.
Les mois se sont écoulés, j’ai encore participé à des master class de coiffure et de maquillage car c’est la seule chose qui me rend heureuse. J’ai continué à créer mes looks sur des modèles. Les gens ont commencé à reconnaître mon travail.
Pour améliorer la qualité de mes photos, j’ai investi dans un appareil photo professionnel avec des objectifs et des logiciels de traitement de photo. Suite à mes investissements et à un travail continu, mes photos avaient atteint un autre niveau. Toutefois, j’étais encore débutante.
J’avais planifié plusieurs shooting, mais tout a été suspendu en raison du Covid19, alors je m’ennuyais à la maison. Donc j’ai créé quelques looks sur ma personne, que j’ai postés sur mes réseaux (comme tout le monde à cette période). Et encore une fois, les problèmes ont recommencé chez moi. Cette fois-ci cela m’a mis à terre. Parfois, certaines paroles venant de la bouche de sa propre famille affectent davantage.
Et encore une fois, je n’ai rien fait durant quelque temps, puis j’ai acheté un mannequin en plastique, je lui ai fait des coiffures et l’ai habillé en saree. J’ai posté ces vidéos.
Quelque mois plus tard, j’ai appris le maquillage chez Make Up Forever, j’ai repris la création de looks. J’ai aussi participé à une formation sur des logiciels de traitement de photo pour encore m’améliorer.
J’ai toujours continué à créer des looks, je n’ai jamais abandonné car c’est la seule chose qui me rende heureuse. Je me battrais jusqu’à avoir la totale liberté de créer des looks sur moi-même. Car c’est ma vision et ma passion. C’est ma liberté !!!
Peace and see U on Next
Kanista .